Qu’est-ce que la dépression et les troubles dépressifs ?
Les troubles dépressifs désignent les troubles liés à un dysfonctionnement émotionnel, tels que le trouble dépressif majeur (y compris l’épisode dépressif majeur) ou le trouble dépressif persistant. Les caractéristiques principales des troubles dépressifs sont la présence d’une humeur triste, d’un sentiment de vide, de désespoir ou d’irritabilité, accompagnés de changements physiques et cognitifs qui affectent de manière significative la capacité de l’individu à fonctionner normalement.
Causes
Les facteurs causant la dépression et les troubles dépressifs sont nombreux. Sur la base du modèle biopsychosocial de la santé mentale, la communauté scientifique s’accorde à dire que les causes des troubles dépressifs sont toujours la combinaison d’une prédisposition génétique et d’événements traumatiques de la vie.
Manifestations principales du trouble dépressif
L’humeur est souvent décrite par le patient comme dépressive, triste, avec un sentiment de désespoir qui s’accompagne d’une perte d’intérêt ou de plaisir pour presque toutes les activités de la vie. Certains sujets peuvent éprouver un sentiment de fatigue, souffrir d’insomnie, tandis que d’autres peuvent se plaindre de symptômes physiques (par exemple de malaises ou de douleurs physiques) plutôt que d’un sentiment de tristesse. Dans certains cas, les personnes peuvent être submergées par des idées de culpabilité intenses, presque délirantes. Cependant, dans tous les cas concernant des adultes, on observe un sentiment de tristesse ou de désespoir, que la personne peut nier ou dont elle peut même ne pas avoir conscience. Le sentiment de tristesse peut être accompagné d’autres manifestations, parmi lesquelles une irritabilité accrue, des sentiments intenses de colère, une tendance à blâmer les autres ou un sentiment de déception excessif pour de petits problèmes. D’autre part, chez les enfants et les adolescents, l’humeur peut être plus irritable ou désagréable que triste.
Caractéristiques du trouble dépressif
Perte d’intérêt et diminution de l’énergie
La perte d’intérêt et de plaisir est presque toujours présente, à différents degrés. Certaines personnes signalent une perte d’intérêt pour les activités récréatives, qui « ne signifient plus rien pour eux », ou ne profitent plus des activités qu’ils considéraient auparavant comme agréables. Les membres de la famille observent souvent un retrait social ou un manque d’intérêt pour les activités habituellement appréciées. Par exemple, un passionné de natation ne trouve plus aucun intérêt à nager ou un enfant qui jouait au football trouve maintenant des excuses pour ne pas jouer.
Modification de l’appétit et du poids
La modification de l’appétit peut se manifester par une diminution ou une augmentation de l’appétit. Certaines personnes dépressives rapportent qu’elles doivent se forcer à manger. D’autres mangent plus et sont attirées par certains aliments (par exemple, les sucreries ou d’autres glucides). Lorsque les changements d’appétit sont prononcés, une perte ou une prise de poids importante peut être observée.
Modification du désir sexuel
Chez certaines personnes, une diminution significative de l’intérêt sexuel ou du désir sexuel est observée.
Troubles du sommeil
Les troubles du sommeil peuvent prendre la forme d’insomnie ou d’hypersomnie. L’insomnie se manifeste généralement pendant la nuit : le sujet se réveille au milieu de la nuit et a du mal à se rendormir, ou ne se rendort pas. Il peut également s’agir d’insomnie initiale, c’est-à-dire de difficulté à s’endormir. Les personnes souffrant d’hypersomnie peuvent constater une augmentation de la durée de leur sommeil durant la nuit ou somnoler pendant la journée.
Changements psychomoteurs
Les changements psychomoteurs comprennent des comportements d’agitation et de ralentissement. L’agitation se caractérise par une difficulté pour le sujet à rester immobile ou par des comportements tels que se balancer d’avant en arrière, se frotter les mains, les vêtements ou d’autres objets. Pour les comportements de ralentissement, un ralentissement de la parole, du mouvement et de la pensée est observé, au point que les autres le remarquent, et sont parfois agacés à cause de la lenteur de la personne.
Sentiment d’inutilité et de culpabilité
Le sentiment d’inutilité ou de culpabilité associé à un épisode dépressif majeur peut s’exprimer par une diminution anormale de l’estime de soi, par un sentiment de culpabilité ou par des ruminations excessives sur de petites erreurs passées. Ces sujets interprètent souvent de manière erronée des événements neutres ou même insignifiants (comme l’indication d’un défaut personnel) et ont un sens excessif de la responsabilité, en particulier pour les événements désagréables. Le sentiment d’inutilité et de culpabilité peut prendre des dimensions délirantes. Par exemple, une personne peut sembler convaincue qu’elle est personnellement responsable de la pauvreté mondiale.
Difficulté à penser, à se concentrer ou à prendre des décisions
Beaucoup de sujets signalent une capacité réduite à penser, à se concentrer ou même à prendre de petites décisions. Ils peuvent être facilement distraits ou se plaindre de troubles de la mémoire. Ceux qui ont des activités nécessitant un bon fonctionnement cognitif sont souvent gênés dans leur réalisation. Chez les enfants, une chute soudaine des notes peut être la conséquence de difficultés de concentration, tandis que chez les personnes âgées se plaignent souvent de problèmes de mémoire.
Idées et pensées suicidaires
Les pensées suicidaires peuvent également être fréquentes. Ces idées varient du désir passif de ne pas se réveiller le matin, ou de la conviction que les autres seraient mieux si l’on était mort, aux idées suicidaires passagères mais récurrentes et à la planification précise de la manière de se donner la mort. Les personnes ayant de sérieuses intentions suicidaires peuvent avoir réglé leurs affaires (par exemple avoir écrit leur testament, payé leurs dettes) et avoir un plan précis pour se donner la mort dont ils fixent le lieu et le moment. Les motivations pour commettre un suicide peuvent être le désir de se soustraire à des obstacles insurmontables, ou le désir intense de mettre fin à un état émotionnel douloureux que la personne considère comme sans issue. D’autres motivations peuvent être l’incapacité du sujet à concevoir du plaisir dans la vie, ou le désir de ne pas être un fardeau pour les autres.
Conséquences de la dépression
La dépression et les troubles dépressifs sont accompagnés d’une détresse significative et, dans la majorité des cas, d’une détérioration du fonctionnement social, professionnel ou d’autres activités importantes. Même dans le cas d’un épisode moins grave, l’activité peut sembler normale, mais elle nécessite un effort accru de la part de la personne.
Traitement de la dépression
La dépression peut nécessiter un traitement médicamenteux lorsque la capacité de fonctionnement du sujet est fortement altérée. Cependant, le traitement médicamenteux seul n’est pas suffisant pour guérir la dépression.
Dans tous les cas, la psychothérapie est la seule solution thérapeutique à la dépression.
Sources :
Akiskal HS, King D, Rosenthal TL, et al. (1981) Dépressions chroniques, Partie 1 : caractéristiques cliniques et familiales de 137 probands. J Affect Disord 3(3):297–315. https://doi.org/10.1016/0165-0327(81)90031-8
Chapman DP, Whitfield CL, Felitti VJ et al. (2004) Expériences négatives dans l’enfance et risque de troubles dépressifs à l’âge adulte. J Affect Disord 82(2):217–225. https://doi.org/10.1016/j.jad.2003.12.013
Coryell W, Solomon D, Leon A, et al (2009) Le trouble dépressif majeur change-t-il avec l’âge ? Psychol Med 39(10):1689–1695. https://doi.org/10.1017%2FS0033291709005364
Isometsä ET, Henriksson MM, Aro HM, et al (1994) Suicide dans la dépression majeure. Am J Psychiatry 151(4):530–536. https://doi.org/10.1176/ajp.151.4.530
Fiedorowicz JG, Endicott J, Leon AC, et al (2011) Symptômes hypomaniaques subliminaires dans la progression de la dépression unipolaire majeure vers le trouble bipolaire. Am J Psychiatry 168(1):40–48. https://doi.org/10.1176%2Fappi.ajp.2010.10030328
Wells KB, Burnam MA, Rogers W, et al (1992) Le cours de la dépression chez les patients adultes externes. Résultats de l’Étude sur les Résultats Médicaux. Arch Gen Psychiatry 49(10):788–794. https://doi.org/10.1001/archpsyc.1992.01820100032007
McCullough JP Jr, Klein DN, Borian FE, et al (2003) Comparaisons de groupe des sous-types de DSM-IV de la dépression chronique : validité des distinctions, partie 2. J. Abnorm Psychol 112(4):614–622. https://doi.org/10.1037/0021-843x.112.4.614
