La crise de panique et le trouble panique font partie de la catégorie plus large des troubles anxieux : ils sont causés par une gestion inefficace ou mal adaptée de l’anxiété.
Qu’est-ce que la crise de panique ?
La crise de panique est décrite comme l’apparition soudaine de symptômes physiques intenses accompagnés de forts sentiments de peur et d’anxiété. L’état émotionnel dominant pendant une crise de panique se caractérise par un sentiment à la fois d’oppression et de perte de contrôle du corps : lorsqu’une personne vit une crise de panique, elle ressent une peur incontrôlable. Lorsqu’elles se produisent, les crises de panique peuvent être accompagnées de comportements spécifiques qui agissent comme une réponse à la crise.
Ainsi, nous pourrions décrire la crise de panique comme un symptôme d’anxiété complexe composé de trois dimensions : physique, émotionnelle et comportementale.
• Symptômes physiques – dimension physique
Ceux qui ont vécu une crise de panique rapportent qu’ils commencent soudainement à ressentir une série de symptômes physiques :
- Augmentation du rythme cardiaque
- Difficulté à respirer
- Transpiration
- Tremblements
- Vertiges
- Tendance à l’évanouissement
Des études ont montré que les témoignages sur ces symptômes physiques sont valides et réels, car ils ont été confirmés par des expériences en laboratoire. Lors d’une expérimentation, les chercheurs ont notamment exposé des sujets à un facteur de stress (placebo), enregistrant simultanément la stimulation physiologique qui s’en est suivie. Ils ont constaté que les symptômes physiques décrits par les sujets étaient directement liés à une forte activité du système nerveux. Par conséquent, les symptômes physiques ressentis pendant une crise de panique sont bien réels.
• Sentiment de menace et de peur – dimension émotionnelle
La deuxième caractéristique de la crise de panique est le sentiment intense de menace. Ceux qui subissent une crise de panique se sentent piégés dans une situation d’urgence qui menace leur vie. Anxiété incontrôlable, peur de la mort, crainte de perdre la raison sont quelques-uns des critères pour le diagnostic de la crise de panique. Ces sentiments sont directement liés à l’augmentation progressive de l’intensité des symptômes physiques.
• Comportement de fuite – dimension comportementale
La troisième caractéristique de la crise de panique est comportementale. Ceux qui vivent une crise de panique rapportent souvent un «besoin irrésistible de courir» et le désir de fuir. Cependant, il semble que d’autres comportements peuvent être mis en place lors d’une crise de panique, comme essayer de rester immobile jusqu’à la fin de la crise. Le point commun de tous ces comportements est qu’ils visent à atténuer les symptômes physiques, comme s’ils étaient une tentative de fuir la crise de panique.
Qu’est-ce que le trouble panique et en quoi diffère-t-il de la crise de panique?
La crise de panique est décrite comme un ou plusieurs événements avec les caractéristiques mentionnées ci-dessus : elle se distingue du trouble panique qui, lui, a des caractéristiques supplémentaires (notamment l’inquiétude persistante pour les crises futures, la peur des conséquences possibles d’une crise et un changement de comportement dans le but de contrôler les crises).
• Inquiétude persistante
Dans le trouble panique, l’inquiétude intense liée aux crises futures envahit progressivement le sujet et devient vite dominante, indépendamment de la fréquence des crises. Cet état d’inquiétude permanent pour les conséquences des crises de panique finit par dominer ceux qui les subissent : ils ont par exemple constamment peur de mourir. Lorsque l’angoisse et les pensées fréquentes autour des dangers des crises de panique deviennent fixes, nous sommes alors dans le spectre du trouble panique.
• Comportements d’évitement
Le syndrome d’évitement qui caractérise le trouble panique diffère du comportement de fuite observé lors de la crise de panique. Dans le trouble panique, le syndrome d’évitement a un rôle préventif, contrairement au comportement de fuite qui est une réponse d’urgence pour apaiser la crise de panique. Souvent, une personne peut limiter ou même arrêter complètement les comportements qu’elle a associés à une ou plusieurs crises de panique. Pensant que c’étaient probablement ces comportements spécifiques qui ont causé la crise de panique, il est possible qu’elle tente de contrôler sa réapparition en évitant les comportements en question.
Causes et facteurs de risque
Bien que les causes de la crise de panique n’aient pas été clairement identifiées, des facteurs de risque ont été enregistrés. Ceux-ci incluent à la fois la génétique et l’environnement. Les personnes ayant des antécédents familiaux de crises de panique ou de trouble panique ont 22 % de chances supplémentaires de développer des épisodes de crise de panique. Cependant, une personne peut subir une crise de panique indépendamment de la présence d’un facteur génétique. Les caractéristiques de l’environnement, telles que certains événements difficiles, peuvent entraîner le sujet dans un état anxieux et ainsi augmenter la probabilité d’une crise de panique.
La crise de panique se rencontre dans la population à une fréquence de 3,7 % tandis que le trouble panique se trouve à une fréquence de 10 %.
Comment prendre en charge les crises de panique ?
L’intervention qui s’est avérée la plus efficace pour le traitement des crises de panique est la psychothérapie, qui peut éventuellement être accompagnée d’un traitement médicamenteux ou d’un programme structuré d’auto-soin (self-help), comme la méditation par exemple.
Selon les études scientifiques, l’intervention psychothérapeutique la plus efficace est la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) qui se concentre et agit directement sur la gestion des crises. Cependant, une fois que la fréquence des crises de panique a été diminuée, et dans le but de traiter un éventuel trouble panique ou à des fins préventives, des thérapies plus analytiques sont également indiquées, telles que la psychothérapie psychodynamique, la psychothérapie centrée sur la personne, ainsi que la psychothérapie Gestalt.
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